Dior complète sa gamme d’anti-âge globale Capture Totale par un “Super Sérum” détoxifiant à utiliser sous le soin, de jour comme de nuit.
Technologie / Structure de formule :
Gel emulsionné H/E contenant comme seule espèce potentiellement tensio-active de la lecithine. Ce gel paraît majoritairement stabilisé par du Pemulen (Acrylate/C10-30 Alkyl Acrylate Crosspolymer) associé à une très grande variété de polymères types polysaccharides : Acacia Senegal Gum / Xanthan Gum /Algin /Alcaligenes Polysaccharides / Biosaccharide Gum-1 / Cellulose Gum. En plus de stabiliser la formule, ces polysaccharides procurent du glissant pendant l’application, et une sensation d’hydratation après pénétration de la formule. Enfin, on note la présence de Polyvinyl Alcohol, polymère qui forme un film perceptible à la surface de la peau, pour éventuellement une sensation de lissage immédiat.
La formule contient par ailleurs de nombreux polyol (glycols, PEGs) : butylene glycol, glycérine (placés tous deux en 2e et 3e position sur la liste des ingrédients), maltitol, PEG-32, PEG-8, PEG-7 Glyceryl Cocoate et Sorbitol.
On note la présence d’alcool en 4e position de la liste des ingrédients. Il peut avoir plusieurs rôles dans la formule : d’une part il procure un effet frais à l’application, qui compense l’effet chaud que peuvent procurer les glycols lorsqu’ils sont utilisés à fort taux. Ensuite, il a un rôle conservateur. On verra plus loin que la formule ne contient pas de paraben. L’alcool peut être de bon secours pour renforcer un tel système conservateur.
Polysaccharides et polyols ont certes d’intéressantes propriétés pendant l’application, et sont de très bons hydratants et humectants, mais ont par contre un effet négatif sur le toucher de la formule lors de la pénétration et après pénétration dans la peau : ils laissent un film collant. Ceci peut être corrigé par l’ajout de phase grasse dans la formule, ainsi que de poudres (charges). C’est le cas dans la formule One Essential.
La phase grasse est très simple, constituée de seulement deux huiles : le caprylic/capric/succinic triglyceride (Miglyol 829) et l’isohexadecane. D’après le fournisseur du Miglyol 829, cette huile est relativement substantive, proche en sensation de nutrition d’une huile végétale. A contrario, l’isohexadecane est un alcane léger et volatile. Deux huiles aux touchers différents ont donc été associées dans cette formule. On notera l’absence d’huiles de silicones.
La formule contient également une poudre (charge), qui apporte douceur, augmente la vitesse de pénétration de la formule, et très certainement casse l’effet collant apporté par polysaccharides et glycols : une poudre d’élastomère de silicone (polymethylsilsequioxane).
Système conservateurs et agents de préservation :
La formule Dior contient un système conservateur dépourvu de parabens, associant des conservateurs listés (Phenoxyethanol, Salicylic Acid, Sodium Metabisulfite, Potassium Sorbate) à des molécules au rôle co-conservateur (Decyloxazolidinone, Pentylene Glycol, Ethylhexylglycerine). Comme nous l’avons noté précédemment, la formule contient également de l’alcool, efficace pour préserver une formule des microorganismes, et des nombreux glycols qui ont la propriété de diminuer l’activité en eau de la formule, et donc son attrait pour les microorganismes.
La formule contient par ailleurs un séquestrant (Tetrasodium EDTA) qui renforce la protection microbiologique de la formule.
Actifs / Revendications :
Le Serum Dior Capture Totale One Essential est un soin “layering”, c-à-d qu’il s’utilise sous le soin habituel, pour un bénéfice supplémentaire. Cette gestuelle est couramment rencontrée en Asie (Japon, Corée), ou les rituels de beauté des femmes font intervenir plusieurs soins qu’on applique les uns au dessus des autres. En Europe, ce type de produit est plus souvent rencontré dans le luxe, ou on l’utilise pour sophistiquer la routine. Toute la problématique est en occident de justifier auprès des consommatrices l’ajout de ce produit à leur routine habituelle.
La stratégie de Dior de ce point de vue est intéressante : le nouveau Sérum Capture Totale One Essential est présenté comme un soin “booster” de l’effet du soin qui sera ajouté par dessus (le nom complet de One Essential est “Régénérateur Cellulaire Intense – Skin Boosting Super Serum”). Cet effet “booster” est justifié par la capacité du soin One Essential à éliminer des “toxines”. C’est là ce que les équipes marketing appellent la “reason why” du produit. Dior résume en trois mots l’efficacité de son sérum : « Répare, Amplifie, Prolonge ». Voyons plus en détail l’ “histoire biologique” construite par Dior pour ce lancement, et les actifs sélectionnés pour la soutenir.
Le “discours biologique” de One Essential : l’activation des protéasomes
Dior met à disposition une vidéo expliquant le mécanisme biologique sous-jacent, dont voici une retranscription du discours :
« 7 milliards de toxines sont produites chaque jour dans toutes les couches de la peau. Avec l’âge, les systèmes d’élimination naturels des toxines sont dépassés. Les toxines s’accumulent. Les cellules sont étouffées. Aucune réparation anti-âge n’est efficace à 100%. La peau ne se régénère plus. Elle vieillit plus vite. Innovation Capture Totale One Essential : la Perle de Longoza. Ce puissant complexe réactive l’élimination des toxines moléculaires. Il les recycle en matière neuve pour relancer profondément la régénération cellulaire. Sous cette impulsion réparatrice, l’efficacité des soins associés est amplifiée et prolongée. La peau est plus pure, plus ferme, plus lisse. Elle est visiblement plus jeune. »
Des détails sont donnés sur ces “toxines” :
« Ce ne sont pas les toxines issues de facteurs externes (pollution, UV, …) qui sont les plus dangereuses, mais les toxines générées par la peau elle-même. En effet, avec le temps, les protéines, constituants majoritaires de la peau, se dégradent et forment des amas moléculaires, ou toxines cutanées, qui s’accumulent dans toutes les couches de la peau. 7 milliards de toxines sont ainsi produites chaque jour dans la peau. »
Les conséquences de l’accumulation de ces toxines sont les suivantes d’après Dior :
- « l’expression des gènes est bloquée
- la protection de l’ADN est altérée
- les capacités de désoxydation de la peau sont altérées »
Avec pour résultat final : « la régénération cellulaire se bloque, la peau a de plus en plus de mal à se réparer »
Le Directeur Scientifique de la marque donne plus de détails sur ce processus dans une vidéo dont voici une retranscription :
« On a tendance à voir les toxines essentiellement comme quelque chose qui vient de l’extérieur. Mais les toxines qui sont les plus dangereuses pour notre peau ne sont pas celles qu’on croit. Ce sont plutôt les toxines qui viennent de l’intérieur, celles qui sont produites par nos cellules. Notre corps est composé de protéines et ces protéines s’abiment au cours du temps. Au delà d’un certain niveau de dommage, ces protéines deviennent de véritables toxines. C’est un peu comme des grains de sables qui viennent bloquer les rouages de la régénération cellulaire. Il existe dans la peau un système naturel qui s’appelle le protéasome. C’est un système enzymatique, c’est à dire une machinerie moléculaire qui va permettre non seulement d’éliminer les toxines, mais en même temps il va les désassembler, les couper en petits morceaux, pour permettre de recréer de la matière neuve à partir de la matière endommagée. Et c’est en cela que nous avons une approche révolutionnaire car nous avons développé un ingrédient qui pour la première fois permet d’activer ce protéasome et permet d’aller plus loin qu’un anti-âge classique en permettant un véritable rajeunissement. Un soin classique se contente de compenser, de prévenir ou de corriger partiellement les dommages des protéines. One Essential va un cran plus loin car en libérant la peau de ses toxines, il permet de stimuler la régénération profonde, et c’est pour cela qu’il amplifie et qu’il prolonge l’action des soins auxquels il est associé.»
L’innovation de Dior One Essential est donc la présence d’un complexe appelé “Perle de Longoza” qui a la capacité d’activer le protéasome, un système enzymatique qui “recycle” les protéines endommagées de la peau, nommées “toxines” par Dior.
Ce système enzymatique est étudié par LVMH depuis plusieurs années. Voici une liste non exhaustive de publications de LVMH traitant du protéasome :
- en 2001, une collaboration entre le Laboratoire de Biologie et Biochimie Cellulaire du Vieillissement, Université Paris, Paris 7-Denis Diderot et LVMH a conduit à une publication conjointe intitulée “Impairment of proteasome function upon UVA- and UVB-irradiation of human keratinocytes” (Free Radical Biology and Medicine Volume 32, Issue 11, 1 June 2002, Pages 1157-1170)
- en 2002, LVMH a coorganisé le premier symposium international entièrement dédié aux rides cutanées, au cours duquel a été présenté un sujet intitulé “UV and Proteasome” (Wrinkles – Clinical Aspects and Pathophysiology – Paris, October 15th, 2002)
- en 2002, LVMH a publié un article intitulé “Proteasome : a new target of UV radiations” (European Journal of Dermatology 2002 Nov-Dec;12(6):XXVII-XXVIII.)
- en 2004, le Laboratoire de Biologie et Biochimie Cellulaire du Vieillissement, Université Paris, Paris 7-Denis Diderot a fait une présentation intitulée “Damaged protein degradation and repair in aging” dans le cadre du ZincAge Starting Meeting, Ancona, February 8th, 2004, dans laquelle LVMH est remercié à la fin de la présentation.
- en 2004, LMHV a corédigé un article intitulé “Phytoplankton : the new frontier for stress-relieving cosmetic ingredients” (Cosmetic & Toiletries – June 2004 issue)
- en 2006, LVMH et le Laboratoire de Biologie et Biochimie Cellulaire du Vieillissement, Université Paris, Paris 7-Denis Diderot ont publié un article intitulé “Algae Extract-Mediated Stimulation and Protection of Proteasome Activity Within Human Keratinocytes Exposed to UVA and UVB Irradiation” (Antioxidants & Redox Signaling. January/February 2006, 8(1-2): 136-143. doi:10.1089/ars.2006.8.136.)
- en 2007, Soliance publie un article intitulé “Innovative global “Age-Defying” strategy” (Cosmetic Science Technology 2007) dans lequel LVMH est remercié pour sa contribution à l’article.
Les bénéfices produits perceptibles par les utilisatrices :
L’élimination des “toxines” par l’activation des protéasomes constitue l’histoire biologique du produit. Comme pour tout produit cosmétiques, cette belle histoire doit être suivi de bénéfices perçus par les consommatrices. Dior présente deux effets à l’utilisation de One Essential :
- « 1er effet : One Essential réactive une régénération cellulaire exceptionnelle. La peau se régénère plus intensément : les rides s’estompent, la peau se raffermit, le teint s’éclaire et s’unifie » : le soin One Essential a les bénéfices d’un anti-âge classique
- 2e effet : parce que la peau est enfin libérée des toxines qui bloquaient son fonctionnement, elle peut bénéficier pleinement de l’efficacité des soins qui suivent. » : il prépare la peau à mieux recevoir le soin suivant
Les 21 actifs :
Pour parvenir à ces résultats, Dior revendique l’utilisation d’un complexe de 21 actifs, qu’il nomme “Perle de Longoza”. Sur la base de la liste des ingrédients du produit, nous avons essayé d’identifier les 21 ingrédients que Dior pourrait qualifier d’ “actifs” dans la formule One Essential. Ces 21 actifs sont classés par ordre d’apparition dans la liste des ingrédients du produit, avec un lien vers la fiche actif lorsqu’elle est disponible :
- Glycerin
- Ascorbyl Glucoside
- Lactic Acid
- Tocopheryl Acetate
- Faex : extrait de levure, nommé Centuline dans d’autres produits de la gamme Dior Capture Totale
- Calcium Pantetheine Sulfonate
- Pyrus Cydonia Seed Extract : pourrait correspondre à la matière première de nom commercial Quince Extract 2.5% du fournisseur GfN
- Salicylic Acid
- Malva Sylvestris Extract : pourrait correspondre au Vitactyl de SILAB
- Alcaligenes Polysaccharides : correspond à l’Alcasealan de Hakuto
- Dimethylmethoxy Chromanol : correspond au Lipochroman-6 de Lipotec
- Hydrolyzed Soy Flour : correspond à la Raffermine de SILAB
- Adenosine
- Hydrolyzed Soy Protein
- Aframomum Angustifolium Seed Extract : extrait de Longoza, actif captif de LVMH
- Thiohistidine : fourni par Tetrahedron
- Oenothera Biennis Root Extract : correspond à l’Oenotherol de Soliance
- Kluyveromyces Extract
- Plankton Extract
- Potentilla Erecta Root Extract
- Tocopherol
L’actif majeur de cette association est la “Detoxinyle”, « découvert par Dior dans les fonds marins », « capable d’activer le protéasome ». Sur ce site internet, on peut lire que la Detoxinyle est issu d’une « algue millénaire ». Et sur cet autre site, qu’il s’agit d’un extrait de Laminaire, une algue. En fait, un brevet de LVMH et différentes publications (notamment celle-ci faite par Soliance), mentionnent un extrait du phytoplancton Phaeodactylum Tricornutum ayant une activité sur le protéasome. La liste des ingrédients de One Essential contient justement un PLANKTON EXTRACT qui pourrait correspondre à la Détoxinyle. Pour être plus précis, la Détoxinyle pourrait être l’extrait de Phaeodactylum Tricornutum proposé par Soliance sous le nom de Megassane. Ceci serait d’autant plus probable que LVMH et Soliance on collaboré sur une étude décrivant une nouvelle proposition de stratégie actif anti-âge, associant notamment un actif utilisé dans One Essential – l’Oenotherol, un extrait d’onagre – à Megassane. Néanmoins, le nom INCI de Megassane est PHAEODACTYLUM TRICORNUTUM EXTRACT d’après le site de Soliance, alors que ce nom INCI n’apparaît pas dans la liste des ingrédients de One Essential.
La formule contient par ailleurs l’extrait de Longoza qui a donné son nom au complexe “Perle de Longoza” : il s’agit de l’ingrédient AFRAMOMUM ANGUSTIFOLIUM SEED EXTRACT. De nombreux détails sont donnés sur cet actif dans sa fiche technique, dont des publications et brevets faits par LVMH.
La formule contient également tout un ensemble d’actifs, parmi lesquel des anti-oxydants (TOCOPHERYL ACETATE, THIOHISTIDINE de Tetrahedron, TOCOPHEROL, DIMETHYLMETHOXY CHROMANOL – Lipochroman-6 de Lipotec), des agents blanchissants (CALCIUM PANTETHEINE SULFONATE, THIOHISTIDINE – action blanchissante brevetée par LVMH), des actifs anti-âge (MALVA SYLVESTRIS EXTRACT – Vitactyl de SILAB, HYDROLYZED SOY FLOUR – Raffermine de SILAB, ADENOSINE, OENOTHERA BIENNIS ROOT EXTRACT – Oenotherol de Soliance). Ce cocktail justifie les revendications d’efficacité du Sérum One Essential.
Conclusion :
Dior propose avec ce produit Capture Totale One Essential une formule techniquement intéressante : les formulateurs de la marque nous propose une formule sans huiles de silicones, ni silicones réticulées, pourtant couramment utilisées dans les sérums d’autres marques (Idealist ou Perfectionist CP+ de Lauder en est un bon exemple), et explorent une nouvelle voie de formulation et d’univers sensoriel en utilisant un couple classique mais revisité : l’association polysaccharides / glycols. Les premiers apportent glissant à l’application, et douceur après pénétration. Les glycols ont un très bon pouvoir hydratant, apportant confort sans effet gras. Ce choix est judicieux car il positionne cette formule dans des technologies plus “naturelles”. Les polysaccharides présentent l’avantage de formuler plus facilement un grand nombre d’actifs, contrairement aux polymères synthétiques tels de les carbomers par exemple.
Pour justifier l’utilisation de ce sérum avant le soin habituel, Dior explore la voie biologique du protéasome, système enzymatique de “recyclage” des protéines “usées” de la peau. Cette démarche paraît logique : par l’utilisation de One Essential, la peau est détoxifiée et donc plus apte à réagir au soin qu’on applique ensuite. Les deux actifs mis en avant sont la Perle de Longoza, un complexe autour du Longoza, ingrédient captif de Dior, et la Detoxinyle, agissant sur le protéasome.Le développement de la Détoxinyle, très vraisemblablement un extrait de Phaedactylum Tricornutum, semble avoir été le fruit d’une collaboration entre LVMH et Soliance. Cette étude et l’ensemble de données recueillies donne un aperçu de la stratégie de compréhension des mécanismes biologiques (collaborations externes) et de développement d’actifs (en interne – pour l’extrait d’Aframomum Angustifolium – ou par des collaborations externes – cas de la Détoxinyle).
Liens :
Dossier de presse de Dior Capture Totale One Essential.
Ingrédients :
Aqua |
Butylene Glycol |
Glycerin |
Alcohol |
Caprylic/Capric/Succinic Triglyceride |
Ascorbyl Glucoside |
Polymethylsilsesquioxane |
Isohexadecane |
Lactic Acid |
Maltitol |
PEG-60 Hydrogenated Castor Oil |
Aminomethyl Propanediol |
Phenoxyethanol |
PEG-32 |
PEG-8 |
Acrylates/C10-30 Alkyl Acrylate Crosspolymer |
Sodium Citrate |
Sodium Hydroxide |
Decyloxazolidinone |
PEG-7 Glyceryl Cocoate |
Tocopheryl Acetate |
Parfum |
Tetrasodium EDTA |
Faex |
Lecithin |
Calcium Pantetheine Sulfonate |
Acacia Senegal Gum |
Pyrus Cydonia Seed Extract |
Salicylic Acid |
Xanthan Gum |
Malva Sylvestris Extract |
Alcaligenes Polysaccharides |
Dimethylmethoxy Chromanol |
Hydrolyzed Soy Flour |
Adenosine |
Sorbitol |
Biosaccharide Gum-1 |
Pentylene Glycol |
Hydrolyzed Soy Protein |
Sodium Metabisulfite |
Algin |
Citric Acid |
Aframomum Angustifolium Seed Extract |
Butylphenyl Methylpropional |
Thiohistidine |
Limonene |
Polyvinyl Alcohol |
Oenothera Biennis Root Extract |
Kluyveromyces Extract |
Cellulose Gum |
Ethylhexylglycerin |
Alpha-Isomethyl Ionone |
Geraniol |
Potassium Sorbate |
Plankton Extract |
Potentilla Erecta Root Extract |
CI 14700 |
BHT |
Tocopherol |